Nous devrions considérer l’entrepreneuriat comme un sport car c’est avec l’expérience qu’on gagne en efficacité. Malheureusement, aucun guide n’existe et la diversité des projets fait que chaque entrepreneur est confronté à ses propres problématiques. Cependant, de par mon expérience personnelle j’ai identifié 4 erreurs courantes que commettent les entrepreneurs débutant au démarrage de leur projet. Les voici !

 

4 erreurs courantes d’entrepreneur

1. Voir trop loin
2. Créer l’entreprise trop tôt
3. Mal évaluer le besoin
4. Attendre d’avoir une offre parfaite

 

1.    Voir trop loin

Bien entendu, avoir de l’ambition n’est pas un problème, bien au contraire ! Il est important d’avoir une vision à long terme pour se fixer des objectifs à atteindre. Mais il faut aussi avoir une vision à court et moyen terme pour faire de son projet une réalité.

Les entrepreneurs partagent la volonté d’être le premier de leur catégorie. Les entrepreneurs débutants se creusent la tête pour créer la meilleure offre possible. Ils ont alors une vision à très (trop) long terme. Focalisés sur leur produit parfait et la recherche d’investisseurs pour le financer, ils passent souvent à côté de l’essentiel : comment acquérir les premiers clients pour réaliser la « proof of concept ».

Lorsque nous étions au démarrage d’Equiswap, une marketplace pour l’équitation, mon associé et moi avions adopté le même comportement. Nous envisagions toutes sortes de plans sur la comète de rachat de concurrents, de diversification et compagnie. Nos idées n’étaient pas mauvaises, mais elles n’avaient pas leur raison d’être à ce moment-là. Parce que nous voyons beaucoup trop loin, nous étions à côté de la plaque.

Vouloir finaliser son offre pour la rendre parfaite est un réflexe naturel. Pourtant n’importe quel entrepreneur confirmé dirait que le plus important n’est pas d’avoir un produit parfait, mais des clients qui achètent régulièrement.

Dans ce sens, je vous conseille de vous défocaliser de votre produit pour vous concentrer sur la création de votre communauté et l’acquisition de vos premiers clients. Et ce, avec les moyens du bord. Cela vous donnera plus de poids pour lever des fonds. Gardez à l’esprit que vous avez tout votre temps pour peaufiner votre produit 😉

 

2.    Créer l’entreprise trop tôt

Une autre erreur que j’observe et que j’ai moi-même faite est de se précipiter pour créer l’entreprise. Bien entendu, par entreprise j’entends une structure juridique de type SAS, SARL, EURL, etc.

Il faut savoir que la création d’une structure de ce type coûte de l’argent. On ajoute à cela l’apport du capital (généralement 1000 € pour paraître sérieux) et la rédaction des statuts de la société. Si comme moi vous souhaitez vous associer, vous pourrez alors être tenté de faire rédiger un pacte d’associé par un avocat ou un notaire.

Nous avons dépensé au total 1500 € avec mon ancien associé pour créer notre société alors que notre plateforme n’était même pas développée. Si les frais s’étaient arrêtés là… Nous avons aussi subi des frais administratifs et de fonctionnement : des dépôts annuels à faire auprès du Greffe et une comptabilité à tenir qui représente un coût annuel de 1200 € à 1800 € selon les experts comptables.

Je me souviens d’un excellent conseil qu’on m’avait donné à l’époque et que je n’avais pas suivi : « Attends le dernier moment pour créer ta société ». Le dernier moment est en réalité le moment où vous n’avez plus d’autre choix parce que vous encaissez des paiements et que vous avez une idée réelle de la viabilité de votre projet.

La création de la structure juridique est perçue comme la première étape du projet. Or, aujourd’hui elle est à mon sens la toute dernière pierre à l’édifice. En attendant cette ultime étape, plusieurs solutions sont envisageables :

• Prendre le statut d’auto entrepreneur dont la création et gratuite et les charges très modérées ;
• Intégrer une couveuse d’entreprise ;
• Créer une communauté et attendre qu’elle soit mature pour lui vendre quoi que ce soit.

Notre société nous aura coûté plus de 9900€ et rapporté 6 500 € en 4 années d’existence. Si nous avions attendu ne serait-ce qu’un peu avant de foncer tête baissée, nous aurons pu économiser tout cet argent ou en gagner beaucoup plus 😉

J’admets que dans certains cas, la création immédiate de l’entreprise est nécessaire : on peut réaliser des achats, obtenir des aides, etc. Mais si cela n’est pas votre cas, je vous recommande vivement d’attendre le plus longtemps possible.

 

3.    Mal évaluer le besoin

Il y a deux raisons récurrentes qui font qu’un projet échoue : un mauvais marketing et une mauvaise évaluation du besoin. Mais l’un dans l’autre, ces deux raisons sont étroitement liées.

La notion de besoin peut être découpée en deux catégories :

• le besoin matériel, par exemple « je dois me déplacer pour aller travailler, j’ai besoin d’une voiture » ;
• le besoin émotionnel, par exemple « j’ai besoin de montrer ma réussite sociale, j’ai besoin d’une voiture de sport ».

Pour la première catégorie, il arrive parfois qu’un entrepreneur réponde à un besoin inexistant ou du moins pas assez mature pour qu’il y ait réellement du business à faire. Cela se vérifie très souvent par l’absence de concurrence. Si vous vous réjouissez de ne pas avoir de concurrents, inquiétez-vous.

La seconde catégorie est quant à elle souvent ignorée. Pourtant, tous les achats que nous réalisons sont dictés par nos émotions. Ignorer le besoin émotionnel que vous vendez (souvent parce que vous ne le connaissez pas) vous pénalisera. Vous ne donnerez alors aucune raison d’acheter votre offre plutôt que celles de vos concurrents et votre marketing sera peu efficace.

Lorsque nous étudions sur le point de créer Equiswap, nous avions mené une étude de marché qui a récolté plus de 1700 réponses. 95% d’entre elles confirmaient que notre plateforme serait utilisée. Pourtant dans les faits, nous avons seulement réalisé 500 € de chiffre d’affaires en deux ans. Il est clair que le besoin matériel était au rendez-vous, mais nous avons complètement raté notre marketing.

Après avoir validé le besoin matériel de votre projet, penchez-vous sur le besoin émotionnel que vous vendez et comment vous devez le mettre en lumière dans votre communication.

 

4.    Attendre d’avoir un produit fini pour communiquer

Il est impensable d’attendre d’avoir une offre finalisée pour communiquer. C’est pourtant ce que fait un bon nombre d’entrepreneurs. Afin que vous compreniez mieux, je vous donne un exemple concret.

Lors de ma dernière session de formation à la stratégie digitale, un de mes clients avait pour projet de créer une application. Dans sa stratégie de contenu, il prévoyait les fonctionnalités de son application comme une thématique à part entière sur laquelle communiquer. De ce fait, il ne cessait de répéter qu’il devait attendre que son application soit développée. Sauf qu’il n’a pas les fonds pour payer le développement de l’application et qu’il n’avait aucune idée de quand il les aurait.

Est-il vraiment obligé d’attendre pour communiquer ? NON !

Certes son application répond à un besoin précis, mais il peut déjà répondre à celui-ci sans elle en se servant de son expertise. S’il communique dès aujourd’hui, il aura l’opportunité de créer une communauté qui sera mature le jour J. Mais s’il attend pour communiquer voici ce qu’il va se passer :

• Il n’aura aucun bêta-testeur et aucun utilisateur le jour du lancement ; il va devoir redoubler d’efforts (et de budget en publicité) pour rattraper son retard ;
• Il n’aura aucun argument viable pour convaincre une banque ou des investisseurs de le suivre (annoncer que X centaines de personnes suivent l’arrivée du projet est une ressource précieuse pour lever des fonds) ;
• S’il ne lève pas de fonds, il ne créera pas son application et son projet ne verra jamais le jour.

N’attendez pas d’avoir un produit fini pour en parler. Constituer une communauté doit être plus important à vos yeux que de créer le produit parfait, car y arriver sans avoir personne pour l’acheter ne sert à rien.

 

Je viens de vous présenter les 4 erreurs courantes que font les entrepreneurs débutants. Mais comme je l’évoquais en introduction, aucun guide de l’entrepreneuriat n’existe et vous devrez faire face à vos propres boulettes.

Rassurez-vous : se tromper fait partie intégrante du « métier » de l’entrepreneur. Le but n’étant pas de réussir du premier coup, mais d’apprendre de ses erreurs en multipliant les coups d’essai ☺️